Définition de UN, UNE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : un, u-n' ; un conserve le son nasal lorsqu'il est suivi d'un autre mot commençant par une consonne o

DÉFINITIONS

1
Nature : Adj. numéral. Le premier de tous les nombres. Un, deux, trois. Une, deux, trois. Un et un font deux. Un entre mille. Une entre mille. Il n'en est resté qu'un.
Mais, en faisant refus de répondre à nos voeux, Au lieu d'une [nymphe], Myrtil, vous en outragez deux
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mélic. I, 5
On peut parier 15162 contre 2378 ou 6 8/23 contre 1, qu'un enfant d'un an vivra un an de plus
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Probab. de la vie, Oeuv. t. x, p. 247
De un à..., depuis le nombre un jusqu'à.... Des enfants de un à douze ans.
Substantivement, au masculin. Le chiffre qui marque un. Trois un de suite (111) font cent onze. Ajoutez un un.
2
Simple, qui n'admet point de pluralité. La religion est une. La foi est une.
Chaque particulier n'est pas assez de n'être qu'un, s'il n'essaye de se multiplier en quelque sorte par le secours de plusieurs
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 1er disc.
Notre Dieu est un, infini, parfait, seul digne de venger les crimes et de couronner la vertu
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 1
La devise un pour tous, tous pour un
dans Journ. offic. 23 avr. 1872, p. 2699, 1re col.
La vérité est toujours une, elle n'est jamais contraire à elle-même.
Sémantique : Terme de philosophie. L'un ou un, l'unité absolue, infinie.
Au sommet dernier de l'échelle de l'être où, sans matière, sans forme.... réside l'innommable unité ; l'un n'est pas beau ; l'un est au-dessus du beau, parce qu'il n'a ni forme ni matière
de CH. LÉVÊQUE dans Science du beau, t. II, p. 446
Ce moi de Schelling c'est l'identique absolu, qui est infini en tous sens, le un et le tout
de CH. LÉVÊQUE dans ib. t. II, p. 531
3
Où règne l'unité. La France est une.
Au théâtre, l'action la plus une a plusieurs parties qui se passent dans des lieux différents
de LAMOTTE dans Réponse à M. de Voltaire.
La nature est une, et se présente toujours la même à ceux qui la savent observer
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. min. introd. Oeuv. t. VII, p. 307
Tout sujet est un, et, quelque vaste qu'il soit, il peut être renfermé dans un seul discours
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Disc. de réception.
Renfermer dans un système qui soit un, les branches infiniment variées de la science humaine
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Oeuv. t. I, p. 185
Une idée, rendue par plusieurs mots, en est mieux développée ; mais elle ne cesse pas d'être une
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Gram. I, 12
Une bataille est une, quoique cent mille hommes d'un côté et cent mille hommes de l'autre en balancent l'événement et se disputent la victoire : voilà l'image de l'action
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. x, p. 374
Nature : Substantivement. En un, dans l'unité.
Vous [Dieu] êtes de la même sorte dans tout l'univers [que l'âme dans le corps].... faisant concourir en un toutes ses parties
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Élévat. sur myst. IV, 9
4
N'être qu'un, ne faire qu'un, se dit de plusieurs personnes ou choses qui ne sont plus considérées que comme uniques.
Il n'y a plus maintenant ni de Juif, ni de gentil, ni d'esclave, ni de libre, ni d'homme, ni de femme ; mais vous n'êtes tous qu'un en Jésus-Christ
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, St Paul, Épît. aux Galat. III, 28
Père saint, dit-il à son Père, gardez ceux que vous m'avez donnés.... gardez-les, dit-il, afin qu'ils soient un
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Myst. de la Trinité, 1
Vous ne faites qu'un coeur et qu'une âme avec nous
de Jean RACINE dans Bérén. III, 1
On prenait plaisir à voir les deux camps confondus par une amitié si inespérée, et les deux armées qui n'en faisaient plus qu'une
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XX
Notre orgueil et nous ce n'est qu'un, au lieu que nous et notre vertu c'est deux
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 2e part.
Vos parcs sont séparés, et vos coeurs ne sont qu'un
de Jacques DELILLE dans Jard. I
Sémantique : En termes de pratique, on disait : Les époux seront uns et communs en bien, pour exprimer qu'il y aurait communauté entre eux.
5
C'est un, ce n'est qu'un, il n'y a point de différence, d'intervalle entre.... et entre....
Loin de mon front soient ces palmes communes, Où tout le monde peut aspirer ; Loin les vulgaires fortunes, Où ce n'est qu'un, jouir et désirer !
de François de MALHERBE dans V, 27
La fortune a, dit-on, des temples à Surate ; Allons là ; ce fut un de dire et s'embarquer
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 12
C'est tout un, il n'y a aucune différence.
Elle grimpa chez l'aigle, et lui dit : notre mort (Au moins de nos enfants, car c'est tout un aux mères) Ne tardera possible guères
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 6
[L'oiseau] Va tout droit imprimer sa griffe Sur le nez de sa majesté. - Quoi ! sur le nez du roi ! - Du roi même en personne. - Il n'avait donc alors ni sceptre ni couronne ? - Quand il en aurait eu, ç'aurait été tout un
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XII, 12
Bon ! son épée et rien, madame, c'est tout un
de MONTFLEURY dans Fille cap. v, 3
Sauriez-vous un pays où il n'y eût ni gendarmes, ni rats de cave, ni maire, ni procureur du roi, ni zèle, ni appointements (je voulais dire dévouement ; n'importe, c'est tout un)
de Paul Louis COURIER dans Ire lett. particul.
C'est tout un, il n'importe, cela est égal. Qu'il m'approuve ou me blâme, ce m'est tout un.
6
Un de, une de..., l'un de, l'une de..., quelqu'un, quelqu'une parmi.
Voilà l'un des péchés où mon âme est encline
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XI
J'ai vu les lettres que vous débitez contre celles que j'ai écrites à un de mes amis sur le sujet de votre morale, où l'un des principaux points de votre défense est que....
de Blaise PASCAL dans Prov. X
Une des choses qu'on imprimait le plus fortement dans l'esprit des Égyptiens était l'estime et l'amour de leur patrie
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 3
Une des plus belles parties de la milice romaine était qu'on n'y louait point la fausse valeur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. III, 6
Comme ce dessein [de Mithridate, marcher sur Rome] m'a fourni une des scènes qui ont le plus réussi dans ma tragédie
de Jean RACINE dans Mithr. Préface
L'un d'eux, en blasphémant, vient de nous faire entendre Qu'Abner est dans les fers....
de Jean RACINE dans Athal. IV, 5
Les prospérités humaines ont toujours été un des piéges les plus dangereux, dont le démon s'est servi pour perdre les hommes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Petit carême, Vices et vertus
Je sens seulement qu'il [d'Alembert] est un des plus grands géomètres, un des plus beaux esprits et une des plus belles âmes de l'Europe
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. honnêt. litt. 12
Geber, un des pères de la chimie
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. philos. (Sarrasins).
L'un de ces jours, un jour très prochain.
Je m'offre à vous mener l'un de ces jours à la comédie, si vous voulez
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 10
7
Un, une, quelqu'un, quelqu'une.
Un qui doit présuppose un qui a prêté
de François de MALHERBE dans le Traité des bienf. de Sénèque, v, 8
J'allais doublant le pas comme un qui fend le vent
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat x.
Vous rappelez en moi la souvenance D'un qui s'est vu mon unique souci
de Jean de LA FONTAINE dans Orais.
Une avait pris un peintre en mariage
de Jean de LA FONTAINE dans Rémois.
Ma fantaisie me fait haïr un qui souffle en mangeant
de Blaise PASCAL dans Pensées div. 189, édit. FAUGÈRE.
Est-il homme.... qui soit plus aisé à mener bien loin qu'un qui espère, parce qu'il aide lui-même à se tromper ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Impénit. finale, 2
8
De deux l'un, de trois l'un, etc. un sur deux, un sur trois.
Soyons bien buvants, bien mangeants, Nous devons à la mort de trois l'un en dix ans
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VI, 19
Comme il était défendu par la loi d'élire le même homme capitaine général plusieurs années de suite, au moins on l'élisait de deux années l'une
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. VII, p. 509, dans POUGENS
De deux jours l'un, se dit d'une chose que l'on ne fait qu'une fois en deux jours.
N'allant plus au café que de deux jours l'un, et au spectacle que deux fois la semaine
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VII
De deux choses l'une, il n'y a pas de milieu.
9
Un, une s'emploie pour représenter une personne, une chose dont il vient d'être parlé. On manquait de porteurs ; il s'en présenta un.
Vos invincibles mains Ont de monstres sans nombre affranchi les humains ; Mais tout n'est pas détruit, et vous en laissez vivre Un.... votre fils, seigneur, me défend de poursuivre
de Jean RACINE dans Phèdre, v, 3
Sans la Phèdre de M. Racine, on ignorerait aujourd'hui que Pradon en a composé une
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Marianne, préface.
Vingt pour un, se dit pour exprimer quelque chose qui arrive fréquemment.
Sans la sage police qui règne dans Londres, tu te serais déjà fait vingt affaires pour une
de BOISSY dans Français à Lond. 1
Familièrement et elliptiquement. Et d'un, et d'une, première personne, première circonstance, premier fait. Et d'une ! cela commence bien.
Et d'un dans nos filets
de BRET dans Double extravag. II, 5
Il faut vivre avant de mourir, premièrement et d'un
de CARMONTELLE dans Prov. la Diète, sc. 2
Retournez vers elle, répliqua le maître au valet, et ne lui répliquez de ma part que ce mot : et d'une !
de COMTE DE CAYLUS dans Acad. de ces dames et de ces mess. t. XII, p. 297
Ne faire ni une ni deux, voy. DEUX, n° 1.
Il peut bien la compter pour une, la prochaine fois je ne lui pardonnerai pas.
Sémantique : Fig. et familièrement. Il m'en a donné d'une, il m'a attrapé, il m'a dit un mensonge, il m'a fait une fourberie.
.... ce bon apôtre Qui veut m'en donner d'une et m'en jouer d'une autre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. IV, 7
10
Familièrement et abusivement. Sur les une heure, à une heure environ (on prononce sur l'ê une heure).
Entre une et deux, entre une heure et deux heures.
Enfin les nefs si bien voguèrent, Qu'entre une et deux, après midi....
de Paul SCARRON dans Virg. VIII
11
Un, une s'emploient très souvent, non pas pour désigner spécialement le nombre, mais pour signifier un objet dont il n'a pas encore été question, et dont on ne nous fait rien connaître, sinon qu'on n'en suppose pas plusieurs ; la plupart des grammairiens le nomment en cet emploi article indéfini.
Un paon muait, un geai prit son plumage
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 9
Un songe, un rien, tout lui fait peur, Quand il s'agit de ce qu'il aime
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VIII, 11
Sa maison va être le Louvre des états ; c'est un jeu, une chère, une liberté jour et nuit, qui attirent tout le monde
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 73
Le devoir du nouvelliste est de dire : il y a un tel livre qui court, et qui est imprimé chez Cramoisy
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
La grammaire générale de Port-Royal dit que un est article indéfini ; ce mot ne me paraît pas plus article indéfini que tout, article universel, ou ce, cette, ces, articles définis
de DUMARS. dans Oeuv. t. IV, p. 187
Un marquis de Toscane, Adelbert, célèbre par sa femme Théodora, est despotique dans Rome
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ann. Emp. Arnould, 901
Quand un, une a plus d'un adjectif entre lui et le substantif, on ne le répète pas. Un bon et illustre personnage.
C'est un pitoyable et insupportable raisonnement
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Ét. d'orais. IX, 2
Pourrez-vous soutenir un si triste et si honteux ministère ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Conférences, zèle contre les scandales
Cependant on trouve quelques exemples où un est répété.
J'aime toujours le P. Rapin ; c'est un bon et un honnête homme
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28 oct. 1685
Un, une se met quelquefois sous une forme exclamative pour exprimer grandeur, excès.
Il fait un chaud là dedans !
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éd. Bal d'enfants, II, 1
12
Un, une.... suivi d'un superlatif relatif.
Voilà une belle merveille de faire bonne chère avec bien de l'argent ! c'est une chose la plus aisée du monde
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. III, 5
Je suis un pauvre pâtre ; et ce m'est trop de gloire Que deux nymphes d'un rang le plus haut du pays Disputent à se faire un époux de mon fils
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mélic. I, 4
Une si illustre princesse ne paraîtra dans ce discours que comme un exemple le plus grand qu'on se puisse proposer
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
13
Un, une se met quelquefois devant un nom propre, pour ôter à ce nom propre son sens particulier et en faire une sorte de nom général.
Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas de vue, ne sort point de l'idée de la grandeur de ses alliances, de sa charge, de sa dignité
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX.
Je sors de Zaïre ; des comédiens de province m'ont fait fondre en larmes ; nous avions un Lusignan qui est fort au-dessus de Brizard [acteur des Français], et un Orosmane qui a égalé Lekain en quelques endroits
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 8 juill. 1772
Il faut être l'ami d'un Tacite : c'est par un Tacite qu'il faut être loué
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. I, 50
Il se met aussi devant un nom propre pour exprimer une assimilation avec le personnage qu'on nomme. C'est une Lucrèce, elle est aussi chaste que Lucrèce. C'est un Cicéron, il est aussi éloquent que Cicéron.
S'emploie aussi dans un sens simplement emphatique, pour relever le nom du personnage.
Ces saints docteurs, un saint Justin, un saint Irénée, un saint Clément.... qui passaient les jours et les nuits à méditer l'Écriture sainte
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er avert. 16
Si quelqu'un eût pu donner de tels mémoires [sur Pierre le Grand], c'eût été un prince Menzicoff, un général Sheremetoff, qui l'ont vu si longtemps dans son intérieur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Russie, préface.
Il se dit enfin avec une nuance de mépris.
Il faut un état, une famille, un nom, un rang, de la consistance enfin, pour faire sensation dans le monde en calomniant ; mais un Basile ! il médirait qu'on ne le croirait pas
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Barb. de Sév. II, 9
14
Un se met quelquefois pour tout et pour quiconque. Un chrétien doit faire cela, tout chrétien, quiconque est chrétien doit faire cela. Un homme peut-il s'exprimer de la sorte ? Quiconque est homme peut-il ?....
15
L'un et l'autre, l'un ou l'autre, expression pronominale indiquant la pluralité, la division.
Je vois, sans me troubler, l'une et l'autre fortune
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
À demeurer chez soi l'une et l'autre s'obstine
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 6
Le moyen de choisir de deux grandes beautés Égales en naissance et rares qualités ! Rejeter l'une ou l'autre est un crime effroyable
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mélic. I, 5
Voilà deux bonnes veuves, Mme de Senneterre et Mme de Leuville : l'une est plus riche que l'autre ; mais l'autre est plus jolie que l'une
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 nov. 1671
Par le rapport des deux Testaments on prouve que l'un et l'autre est divin
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 13
L'un et l'autre, à mon sens, ont le cerveau troublé
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IV
L'un et l'autre rival, s'arrêtant au passage, Se mesure des yeux, s'observe, s'envisage
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. v.
Étudiez la cour et connaissez la ville ; L'une et l'autre est toujours en modèles fertile
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Déjà par une porte au public moins connue L'un et l'autre consul vous avaient prévenue
de Jean RACINE dans Brit. I, 2
L'un et l'autre à la reine ont-ils osé prétendre ?
de Jean RACINE dans Mithr. II, 3
L'un [Corneille] élève, étonne, maîtrise, instruit ; l'autre [Racine] plaît, remue, touche, pénètre
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
Ainsi périt à l'âge de trente-six ans et demi, Charles XII, roi de Suède, après avoir éprouvé ce que la prospérité a de plus grand, et ce que l'adversité a de plus cruel, sans avoir été amolli par l'une, ni ébranlé un moment par l'autre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Charles XII, 8
Être l'un et l'autre, être les deux personnages, les deux choses dont on vient de parler.
Est-ce à votre cocher, monsieur, ou bien à votre cuisinier que vous voulez parler ? car je suis l'un et l'autre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. III, 5
Il y a une faute dans cette phrase de Voltaire : On va juger l'affaire [du jésuite Janssens, qui niait un dépôt] ; il faut ou le pendre ou le canoniser ; et peut-être sera-t-il l'un et l'autre ; adieu, mon ami, ne soyons ni l'un ni l'autre, Lett. d'Argens, 15 juill. 1739. L'un et l'autre ne peut se rapporter à deux infinitifs. La phrase deviendrait correcte, si l'on mettait : Il devra être pendu ou canonisé.
Dire d'un, puis d'un autre, varier dans son langage.
Dire d'un, puis d'un autre ; est-ce ainsi que l'on traite Les gens faits comme moi ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 16
16
Sémantique : Familièrement. Les uns et les autres, tout le monde sans distinction. Il dit aux uns et aux autres toutes ses affaires.
17
Ni l'un, ni l'autre.
Ni l'un ni l'autre ne viendra, ni l'un ni l'autre ne viendront
dans Dict. de l'Acad.
La postérité jugera qui vaut le mieux des deux [Corneille et Racine] ; car je suis persuadé que les écrits de l'un et de l'autre passeront aux siècles suivants ; mais jusque-là ni l'un ni l'autre ne doit être mis en parallèle avec Euripide et avec Sophocle, puisque leurs ouvrages n'ont point encore le sceau qu'ont les ouvrages d'Euripide et de Sophocle, je veux dire l'approbation de plusieurs siècles
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Réfl. crit. sur Longin, réfl. VII
On met toujours le pluriel, si ni l'un ni l'autre est placé après le verbe. Ils ne sont venus ni l'un ni l'autre.
On dit aussi : L'un ni l'autre.
Les funestes désespoirs de Marcelle et de Flavie, bien que l'une ni l'autre ne fasse pitié....
de Pierre CORNEILLE dans Théod. Examen.
Mais, si l'un parle mal, l'autre va bien agir, Et l'un ni l'autre enfin ne vous fera rougir
de Pierre CORNEILLE dans Hér. III, 1
Vous n'aurez l'un ni l'autre aucun lieu de vous plaindre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mélic. II, 6
Mais, aussitôt que l'ouvrage eut paru, Plus n'ont voulu l'avoir fait l'un ni l'autre
de Jean RACINE dans Épigr. Iphig. Leclerc.
18
L'un l'autre, l'une l'autre, les uns les autres, les unes les autres, expressions pronominales qui indiquent réciprocité.
En ce monde il se faut l'un l'autre secourir
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VI, 16
Entre nous autres auteurs, nous devons parler des ouvrages les uns des autres avec beaucoup de circonspection
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, 7
Auparavant l'on mettait la force et la sûreté de l'empire uniquement dans les troupes, qu'on disposait de manière qu'elles se prêtaient la main les unes les autres
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 6
Puisse le ciel verser sur toutes vos années Mille prospérités l'une à l'autre enchaînées !
de Jean RACINE dans Bérén. v, 7
Ils [les Romains] y courent [en Asie] en foule ; et, jaloux l'un de l'autre, Désertent leur pays pour inonder le nôtre
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Tous ses projets semblaient l'un l'autre se détruire
de Jean RACINE dans Athal. III, 3
Un ennemi intérieur et bien plus formidable les pressait vivement ; c'était la faim qui fut telle, qu'ils en vinrent à se manger les uns les autres
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv, t. I, p. 357, dans POUGENS
Exerçant l'un sur l'autre un mutuel empire, Par les mêmes liens l'un et l'autre s'attire
de Louis RACINE dans Relig. v.
L'un portant l'autre, l'une portant l'autre, en compensant ce qui est moindre dans l'un avec ce qui est plus considérable dans l'autre. Ces volumes m'ont coûté deux francs, l'un portant l'autre.
L'un dans l'autre, l'une dans l'autre, même sens. La livre était vendue l'une dans l'autre six livres dix sous.
19
Pas un.... pas une..., soit avec ne avant ou après, soit avec sans, aucun, aucune.
Et qu'en faveur du sexe ou de la qualité On ne fasse à pas une aucune indignité
de Jean de MAIRET dans Sophon. III, 1
Tous regardent l'empire ainsi qu'un bien commun, Que chacun veut pour soi, tant qu'il n'est à pas un
de Pierre CORNEILLE dans Pulch. IV, 2
Heureux de ne devoir à pas un domestique Le plaisir ou le gré des soins qu'ils se rendaient
de Jean de LA FONTAINE dans Phil. et Bauc.
Pas un seul ne fut épargné
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 8
Il se trouva que, sur tous essayée, à pas un d'eux elle [la couronne] ne convenait
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VI, 6
Ceux des Pays-Bas ne se sont tenus à pas une des confessions de foi qu'on avait faites devant eux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Variat. préf.
Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 1
Je vous supplie de me croire autant dans vos intérêts que pas une de vos parentes et de vos amis
dans Mme de Grignan à Bussy, dans SÉV. t. VII, p. 180, éd. RÉGNIER.
Il faut absolument qu'on m'ait ensorcelé ; Si j'en connais pas un, je veux être étranglé
de Jean RACINE dans Plaid. II, 5
Sous Louis XI, pas un grand homme
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans dans GIRAULT-DUVIVIER
20
Plus d'un, terme collectif partitif, qui signifie proprement : une plus grande quantité que un (plus d'un est pour plus qu'un, voy. DE, n° 24).
Plus d'un guéret s'engraissa Du sang de plus d'une bande
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 6
Aux temps les plus féconds en Phrynés, en Laïs, Plus d'une Pénélope honora son pays
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. x.
Je me suis vu, madame, enseigner ce chemin, Et par plus d'un héros, et par plus d'un Romain
de Jean RACINE dans Bérén. v, 6
Nous avons plus d'une ancienne pièce, qui, étant corrigée, pourrait passer à la postérité
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Épît. Dédic. de Sophon.
Plus d'un Mathieu Garo s'érige en novateur ; Lucas est usurier, Colas agioteur
de Jacques DELILLE dans Pitié, ch. I
Tu fus moins scrupuleux dans plus d'une entreprise
de Casimir DELAVIGNE dans les Enfants d'Édouard, I, 6
Comme on voit, plus d'un régit le verbe qui le suit au singulier. Il faut excepter le cas où le verbe serait réciproque.
À Paris on voit plus d'un fripon qui se dupent l'un l'autre
de Jean-François MARMONTEL dans Incas, XLV
On exceptera aussi le cas où plus d'un est répété. Plus d'un fils désolé, plus d'une jeune fille en deuil viendront....
On trouve dans Voltaire un exemple de plus d'un avec le pluriel ; mais cela est contraire à l'usage et aussi à la règle, car plus ne représente pas un pluriel. V. M. sait que plus d'un homme considérable pensent qu'il faut une balance, et que la politique contraire est une politique détestable, Lett. au roi de P. 13 nov. 1757.
En savoir plus d'un, savoir plus d'un tour, être adroit, rusé.
Nous en savons plus d'un, dit-il en les gobant, C'est tour de vieille guerre
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 18
En avoir vu plus d'une, avoir de l'expérience.
Je ne suis pas de ces gens à qui on en fait accroire ; nous en avons vu plus d'une à Moulins
de Louis-Benoît PICARD dans Voy. interr. III, 2
21
Un peu, voy. PEU, n° 2.
Un petit, voy. PETIT, n° 18.
22
Un à un, l'un après l'autre, et un seul à la fois.
Vous, enfants d'Israël, vous serez rassemblés un à un
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Isaïe, XXVII, 12
Impostures dont la liste vous effraierait, si je les comptais une à une
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Phil. Ép. aux Rom. III
Elle [Mme Necker] vient de former dans le faubourg Saint-Germain un hospice où les malades couchés un à un, soignés comme ils le seraient chez une mère tendre....
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XII, 11

REMARQUE

1
1. Votre ami est un des hommes qui manquèrent périr. Votre ami est un des hommes qui doit le moins compter sur moi. Dans la première phrase on veut dire votre ami est parmi ceux qui manquèrent périr ; dans la seconde, on veut le mettre à part. En d'autres termes, quand on peut tourner par : est parmi les hommes un qui..., on met le verbe au singulier ; quand on ne le peut pas, on met le verbe au pluriel. C'est une des plus belles actions qu'il ait faites, et non faite. Cette phrase-ci de Ménage est correcte :
Je suis un des premiers qui ai imité
de Gilles MÉNAGE dans dans son édition de Malherbe, p. 560
Vous êtes un des hommes qui me convient le plus
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Guitaut, 24 oct. 1679
C'est une des personnes du monde qui a le plus de bonnes qualités
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 25 mai 1689
Un grand seigneur qui est un des hommes du royaume qui représente le mieux
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 74
Une des causes qui poussa l'un des Gracques à....
de Vincent VOITURE dans Lett. 125
Ce point d'histoire est un de ceux qui m'a obligé....
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans t. III, liv. IV, p. 500, dans POUGENS
Rien n'est si vrai, et c'est une des raisons qui fait murmurer contre l'impossibilité
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 27 nov. 1689
Je viens d'apprendre en ce moment que M. de Soubise, dont je ne parle point, est un de ceux qui s'y est le plus signalé
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. IV, Avertiss.
2
2. Quant à l'exemple cité ci-dessus : Votre ami est un des hommes qui doit le moins compter sur moi, on remarquera qu'on pourrait aussi mettre le pluriel, ayant dans l'idée : Votre ami est un parmi les hommes qui doivent le moins compter sur moi L'astronomie est une des sciences qui fait le plus ou qui font le plus d'honneur à l'esprit humain, Dict. de l'Acad. qui ajoute : Le dernier est le plus usité. On dira de même suivant l'idée : C'est une des pièces de Molière qui a eu ou qui ont eu le plus de succès. La nuance de l'idée entre le pluriel et le singulier est par exemple dans la phrase de Mme de Sévigné : Vous êtes un des hommes qui me convient le plus : avec le singulier cela signifie que, parmi les hommes, il y en a un qui me convient le plus, et c'est vous ; avec le pluriel cela signifie que vous êtes parmi les hommes qui me conviennent le plus. Le superlatif est, si l'on peut ainsi parler, plus superlatif avec le singulier.
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3. On remarquera que, si, au lieu d'être construit avec l'article, le substantif l'était avec le pronom démonstratif, la liberté du choix entre le singulier et le pluriel serait ôtée ; le pluriel seul serait admis par la syntaxe ; et l'on dira, par exemple, en parlant de l'intendant Courtin : C'est un de ces hommes qui ne dorment que quand leur conscience est satisfaite.
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4. C'est un de mes enfants qui a eu le prix, c'est un de nos généraux qui a remporté la victoire ; il faut le singulier. Ici on ne peut pas tourner par : un de ceux.
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5° à propos de l'expression un de, des grammairiens conseillent de la remplacer par l'un de : 1° au commencement d'une proposition incidente : Ce prince, l'un des plus sages, a pensé ainsi ; 2° quand le substantif destiné à le suivre est sous-entendu : Il charge ses chameaux et monte sur l'un des plus légers ; 3° lorsque le mot qui suit un de est un pronom : L'un de vous me suivra ; 4° si l'on exprimait le sujet et le verbe, un de vaudrait mieux : Cet homme qui était un des héros du parti. Cependant il faut bien dire que ces nuances sont loin d'être toujours observées : Henri IV fut l'un ou un des plus grands rois de France. à ce propos, on remarquera que, l'un appelant facilement l'autre, on dira plutôt l'un que un, quand il n'y a que deux : l'un des consuls.
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6. Pour la construction de l'un et l'autre avec le verbe qui y appartient, les grammairiens ont donné la règle suivante : l'un et l'autre est venu signifie qu'ils ont tous les deux fait l'acte de venir ; l'un et l'autre sont venus, qu'ils sont venus en même temps ; l'un et l'autre a fait son devoir, chacun a accompli un devoir particulier ; l'un et l'autre ont fait leur devoir, ils ont accompli le même devoir. Dans le premier cas il y a deux propositions ; dans le second il n'y en a qu'une. Cette distinction est subtile : si l'on prend les exemples, on voit que l'un et l'autre est tantôt considéré comme un sujet simple, tantôt comme deux, suivant l'idée qui prévaut dans l'esprit et suivant l'euphonie.
Il est également bien dit : l'un et l'autre vous a obligé, et l'un et l'autre vous ont obligé
de Claude Favre de VAUGELAS dans Rem. t. I, p. 226, dans POUGENS
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7. Comme l'un et l'autre, ni l'un ni l'autre veut indifféremment le verbe au singulier ou au pluriel.
La Fontaine fut oublié [de Louis XIV], ainsi que Corneille ; ni l'un ni l'autre n'était courtisan
de LAHARPE dans Cours de litt. t. VII, p. 281
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8. Des grammairiens disent qu'avec l'un et l'autre suivi d'un substantif, il faut répéter la préposition, et qu'on doit dire non pas : Cet acteur plaît dans l'une et l'autre pièce ; mais dans l'une et dans l'autre pièce. Cependant de bons auteurs n'ont pas répété la préposition.
De pareilles frayeurs mon âme est alarmée ; Comme elle [Camille], je perdrai dans l'une et l'autre armée
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 3
Et qui parle le mieux de l'un et l'autre ouvrage
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mélic. I, 2
S'étant ensuite informé plus en détail de ce qui s'était passé dans l'une et l'autre armée
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Babouc.
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9. L'un.... l'autre peuvent se dire de noms de différents genres.
L'apathie des victimes et l'indifférence des bourreaux étalent également remarquables ; la vie humaine ne semblait avoir de valeur ni pour les unes ni pour les autres
de LINDAU dans Rev. des Deux-Mondes, 15 avr. 1872, . 935
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10° Il ne faut pas confondre l'un l'autre avec l'un et l'autre. L'un l'autre indique réciprocité, l'un et l'autre indique seulement une circonstance, c'est-à-dire qu'on est deux. Nous parlons l'un et l'autre ; c'est-à-dire nous parlons tous les deux. Nous nous parlons l'un l'autre, c'est-à-dire il me parle et je lui parle. Ils se secoururent l'un l'autre, et non ils se secoururent l'un et l'autre.
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11. On a dit que, quand il est question de plus de deux personnes ou de deux choses, l'un l'autre doit se mettre au pluriel. Racine ne s'est pas conformé à cette règle qui, au plus, est valable en prose. Ainsi il a dit : Tous ses projets semblaient l'un l'autre se détruire, Ath. III, 3. Puisse le ciel verser sur toutes vos années Mille prospérités l'une à l'autre enchaînées ! Bérén. v. 7.
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12. Quand l'un et l'autre est construit avec un substantif, ce substantif se met toujours au singulier : l'une et l'autre armée, l'un et l'autre rival.
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13. Un après un nombre (vingt et un, trente et un, etc.) veut le pluriel : vingt et un chevaux. Autre était la décision de l'Académie au XVIIe siècle : On dit ce mois a trente et un jour, et non pas trente et un jours ; si on y joint un adjectif, il faut dire au pluriel : il y a trente et un jour passés qu'on a reçu de ses lettres, Observ. sur Vaugelas, p. 166, dans POUGENS.
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14. On lit dans Mme de Sévigné : C'est avec les deux mille écus de dame de la reine.... vingt-une mille livres de rente qu'elle aura tous les ans, 25 déc. 1676, éd. RÉGNIER. D'autres éditions portent : vingt-un mille. Dans ces cas et cas semblables, c'est un qu'il faut. Un porte non pas sur le nom féminin, mais sur mille.
15
15. On dit un au pluriel : les uns. Cela paraît contradictoire avec le sens du mot.
Voici la filiation de cet emploi : le latin mettait unus au pluriel, quand, malgré ce pluriel, il ne s'agissait que d'une seule chose : satis una superque Vidimus excidia
de VIRG. dans Aen. II

HISTORIQUE

1
Xe s.
Ad une spede [épée] li roveret tolir lo chief
dans Eulalie
Un edre [un lierre]
dans Fragm. de Valenc. p. 468
Dunc si rogavit Deus ad un verme, que il percussit cel edre
dans ib.
2
XIe s.
L'un fut Basan et li altres Basile
dans Ch. de Rol. XI
Fierent li un, li altre se defendent
dans ib. CVII
Par uns et uns [les chevaliers morts] les a pris li barun
dans ib. CLX
À l'une main [d'une main] il a sun piz batut
dans ib. CLXXII
Paien recleiment un lur deu Tervagant
dans ib. CLXXVI
Li empereres en est l'uns [des deux], ço m'est vis
dans ib. CCLV
3
XIIe s.
Et de lor gent plus de l'une moitié
dans Ronc. p. 70
Dix mile sunt, tuit d'une compagnie
dans ib. p. 89
Uns escuiers vint pognant la ferrée [la route ferrée, pavée]
dans ib. p. 146
Des vingt mil homes n'en tourna uns en France
dans ib. p. 165
Quant l'uns à l'autre atalente, Pourquoi nous as despartis ?
dans Dame de Faiele, dans Couci
Voirs est [il est vrai] c'amours est grans douçours, Quant doi cuer [deux coeurs] sont un sans partir
de CHRESTIEN DE TROYES dans dans HOLLAND, p. 233
Et la guerre dura tante mainte saison ; Li uns rois après l'autre la reprist en son nom
dans Sax. III
E partid son peuple en treis, et livrad l'une partie à Joab, et l'altre à Abisaï, et la tierce à Ethaï
dans Rois, p. 185
4
XIIIe s.
Li messaige furent esleu, Mahius de Monmorenci en fu li uns, et Joffrois li mareschaus en fu li autres
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXXXVI
S'aidoient li uns l'autre contre les Arabis
dans Berte, v
Et dist li uns à l'autre : par le cors saint Clement....
dans ib. IX
Un jour estoit rois Flores à un sien grant manoir
dans ib. LXV
Le cerf tant [il] parsuivi, Que trestoutes ses gens un et autres [il] perdi
dans ib. CVIII
Li roys et la royne l'uns l'autre resgarda
dans ib. CXXII
Car je sui un de ceux qui es bois la menerent
dans ib. CXXXIX
Uns miens amis me vint dès ersoir acointer
dans ib. X
Celle berrie [plaine] commensoit à unes tres grans roches merveilleuses qui sont en la fin du monde devers Orient
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 262
Jà n'i sera [au jugement dernier] ne quens [comte] ne rois Par sa hauteche mis avant, Tout seront un, petit et grant
de GUI DE CAMBRAI dans Barl. et Jos. p. 50
Si leur a dit et un et el [choses et autres]
de PH. MOUSKES dans ms. p. 258, dans LACURNE
5
XIVe s.
Un et un [un à un] monte les degrez
dans Ovide de arte, ms. de St-Germ. f° 95, dans LACURNE
6
XVe s.
On dit, et voir est, que tout edifice est ouvré et maçonné l'une pierre après l'autre
de Jean FROISSART dans Prol.
Le pays d'Angleterre n'est pas bien à un [uni, en concorde]
de Jean FROISSART dans liv. III, p. 347, dans LACURNE
Si vouloient ils [les Gantois] estre tout un au besoin pour garder et deffendre les franchises et bourgeoisies de Gand
de Jean FROISSART dans liv. II, p. 78
Mais tel dit un, qui autre chose a faicte
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 186
Et feirent faire robbes pareilles, et par aucun temps feurent tousjours vestus tout un
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans Charles VI, 1413
Le duc de Bourgogne, fortement courrouchié, vint à eux, et leur remonstra tant d'unes et d'autres que les chiefs luy promirent....
de J. LEFEVRE DE ST-REMY dans Hist. de Charles VI, p. 124, dans LACURNE
Et suis d'oppinion que ce temps luy dura ung seize ans ou environ
de Philippe de COMMINES dans VI, 13
Lequel avoit pour premier chambellan ung qui depuis s'est appelé monseigneur de Chimay
de Philippe de COMMINES dans I, 2
7
XVIe s.
À contempler villes, chasteaulx, citez, Unes montans en grant preeminence, Aultres tumbans en basse decadence
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 59
Malheur n'est pas tousjours à une porte
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 236
À peine s'en trouve il de cent l'un qui en soit vray spectateur
de Jean CALVIN dans Instit. 19
En Jeremie, où il est denoncé qu'il veut estre cogneu de nous, il ne met pas une description si plaine, neantmoins elle revient toute à un [au même]
de Jean CALVIN dans ib. 50
Le Fils est un avec le Pere
de Jean CALVIN dans ib. 97
Aucuns accusent Dieu d'inegalité de justice, pour ce qu'en sa predestination il ne fait pas tout un à tous hommes
de Jean CALVIN dans ib. 766
Une messe, unes matines, unes vespres ien sonnées sont à demy dictes
de François RABELAIS dans Garg. I, 40
Et puis de nous ne reste qu'une fable, Un moins que vent, ombre, fumée et songe
de ST-GEL. dans 192
Sa femme commença à devenir l'une des plus belles femmes qui fust en France
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Nouv. 15
Nos anciens ont escript ung avec g en la fin, de peur qu'en escrivant un ne semblast estre le nombre VII ; toutes fois cela ne plaist à plusieurs
de ROB. dans ESTIENNE, Gramm. franç. p. 7. dans LACURNE
Faisoit paroistre à chacun Que des biens luy estoit tout un [que les biens lui étaient indifférents]
de DES ACCORDS dans Bigarrures, p. 178, dans LACURNE
La mort est toujours une [la même]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 90
Attendant une et une autre commodité
de Michel de MONTAIGNE dans I, 97
S'estant parfaictement commis l'un à l'aultre, ils tenoient parfaictement les renes de l'inclination l'un de l'autre
de Michel de MONTAIGNE dans I, 214
Une relation infaillible des unes choses aux aultres
de Michel de MONTAIGNE dans II, 4
Après plusieurs propos tombans de l'un en l'autre, il leur demanda pourquoy ils refusoient tant l'amitié du roy
de Étienne de LA BOÉTIE dans 38
L'un et l'autre disoient....
de Étienne de LA BOÉTIE dans 39
Qu'un sans plus soit le maistre, et qu'un seul soit le roy, ce dit Ulysse en Homere
de Étienne de LA BOÉTIE dans Servitude volontaire, ou le contre un.
Tout lui estoit un [égal, indifférent]
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, XLVI
Les Grecs, qui ont soutenu, lors qu'ils ont esté d'un accord ensemble, la puissance des rois de Perse
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 48
Comme entre les François il s'en trouve de bons et de mauvais, aussi parmi eux [étrangers] il y en a d'uns et d'autres
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 85
N'est-ce pas comme rebailler une saignée à un qui a quasi tout perdu son sang ?
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 193
L'un et l'autre ravit des femmes ; et ny l'un ny l'autre ne peut eviter le malheur d'avoir querelle avecques les siens
de Jacques AMYOT dans Thés. 2
Ses fils estoient aussi en bon nombre ; Pitheus en fut l'un, lequel....
de Jacques AMYOT dans ib. 3
Hannibal, cognoissant la faulte que ses guides avoient faitte en prenant l'un pour l'autre [une chose pour une autre], les feit pendre
de Jacques AMYOT dans Fab. 15
Un Metellus, un Aristides et un Epaminondas avoient bien cette maniere de faire, de ne vouloir point flatter la commune
de Jacques AMYOT dans Alc. et Cor. comp. 7
Ilz estoient tous deux quasi d'un aage
de Jacques AMYOT dans Démétr. 5
Il en feit mourir de dix l'un sur lequel tumba le sort
de Jacques AMYOT dans Anton. 49
Mais le prince de Condé n'estant pas à un [étant mal d'accord] avec son cousin, les effets de cette paix trainerent
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 367
Je ne me coucheray point que je ne vous aye mis à ung [reconciliés]
de Vincent CARLOIX dans II, 7
Fort grands et puissants hommes, presque d'une taille, et tous blonds
de Vincent CARLOIX dans III, 29
Nos ennemis dient d'ung et font d'autre
dans Bibl. des chartes, 3e série, t. I, p. 505
Ces fievres ont des exacerbations, ou tous les jours, ou de deux l'un, ou de trois l'un
de Ambroise PARÉ dans XX, 15
Sa marque imite de la lune Les feux courbés, quand l'une et l'une De ses deux cornes se refont
de Pierre de RONSARD dans 547
Ils sont reputez uns et communs en biens meubles et conquests, s'il n'appert du contraire
dans Coust. gén. t. I, p. 419

ÉTYMOLOGIE

1
Génev. quel jour sommes-nous ? nous sommes le un ; Berry, ieun, ieune ; picard, ein ; bourg. ein, eun, et, devant une voyelle, ène ; wallon, on, et onk quand aucun mot ne suit ; provenç. uns, us, un, u, una ; espagn. un, uno ; port. um ; ital. uno ; du lat. unus ; anc. lat. oinus ; ombrien, enom ; allem. ein ; goth. ains ; angl. one ; sanscr, enas.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
UN. - REM. Ajoutez :
16° Lamartine a dit l'une après l'une au lieu de l'une après l'autre : Deux vagues que blanchit le rayon de la lune, D'un mouvement moins doux viennent l'une après l'une, Nouv. Médit. XXIV. Barthélemy, dans sa Lettre à Lamartine (Némésis, 1831), n'a pas passé ce néologisme au poëte, quand il a dit : Suivant de l'oeil, baigné par les flux de la lune, Les vagues à ses pieds mourant l'une après l'une, Et les aigles dans les cieux gris (note de M. Ch. Berthoud).